Plaidoyer pour une politique non-violente
Plaidoyer pour une politique non-violente
De la violence sur les femmes
De la violence homophobe
De la violence raciste
De la violence sur les enfants
De la violence en politique
De la violence banalisée, partout acceptée … pire intégrée
Ce n’est pas soutenable !
Aucune violence, aucune discrimination ne devraient être banalisées !
Le 25 novembre était la journée d’élimination des violences faites aux femmes. Le samedi 24 novembre 2018, la marche symbolique prévue depuis une année dans toute la France est passée au second rang en raison des événements, des manifestations qui mobilisent les gilets jaunes, liés à un autre combat (que personne ne juge par ailleurs injuste). Cela ne retire rien à la force du combat des femmes et des hommes qui veulent sensibiliser et surtout faire cesser les violences que subissent les femmes.
Mais plus généralement, la voix de la non-violence a du mal à se faire entendre, du mal à trouver les relais, les actes !
Dites-moi quel peuple, quelle femme, quel homme, quel jeune, quel enfant peut s’épanouir dans un environnement violent ? aucun à mon sens.
Intimidations, délations, menaces … la politique a elle aussi son lot de violences. Et cela n’étonnera pas non plus que les femmes en politiques, élues ou en coulisses, doivent porter l’armure pour être respectées. Mais tout le monde considère cela, finalement, comme faisant partie du « package ». Il est si courant de d’entendre dire que la politique, c’est violent. C’est intégré comme une évidence. Ah bon, est-ce normal ? Contredire ou dénoncer ce fait revient à avouer l’illusion que l’on vit dans le monde de Babar. Ben voyons !
Alors oui, je suis dans le camps des utopistes, des idéalistes qui veulent croire que cette politique-là qui use de moyens plus proches d’actes de voyous, parfois d’actes de banditisme n’est pas acceptable et certainement pas la plus efficace.
Car l’essentiel du rôle de la politique est de porter une vision, un cap, des mesures et des dispositifs pour faire avancer son pays, son territoire. La population sait reconnaître ces efforts. On aurait tort en revanche de la croire totalement dupe des basses manœuvres en tous genres.
Les politiques qui manient les mots et défendent leurs idées, leurs visions, leurs projets doivent être respectés tout en rendant des comptes.
Les politiques qui manipulent sur le lit de la misère et manient les menaces, les mensonges pour attiser violence et cruauté doivent être dénoncés et débusqués.
Il n’y a pas d’autre voie pour que la démocratie ne soit bafouée.
Banaliser la violence politique est une dérive dans laquelle la France, La Réunion ne peuvent se résigner à s’engouffrer, dans l’indifférence d’une société qui se serait finalement accoutumée de ces méthodes.
Pour ma part, je dois pouvoir dire aujourd’hui que je sais de quoi je parle. Et je veux travailler, avec d’autres, à ce que cela change.
Je me suis engagée dans la voie du service public, au sein d’assemblées politiques (Région, Département, Communes) il y a plus de 20 ans avec cette volonté de servir et de donner le meilleur regard possible sur les projets, les programmes des institutions de la République. La voie « publique » a été mon choix plutôt que d’autres voie, parce que le sens de l’intérêt général me paraissait supérieur à tout le reste. Mon parcours est celui que je me suis donnée les moyens de construire dans le respect des autres, toujours. Malgré les aléas et les chocs successifs sur lesquels je ne reviens pas, je n’ai jamais considéré que je sacrifiais mes week-end, mes soirées, ma famille, mes amis. J’ai fait en sorte que tout cela ne soit qu’un.
Le cadre et les conditions de mon engagement premier sont éloignés du théâtre qui se joue depuis quelques années avec une surenchère de violence. L’essentiel de ce pourquoi je me suis engagée s’échappe. Passer du temps à se défendre, à se battre, à se justifier plutôt que du temps à travailler sur les outils pour mieux informer les citoyens sur les dispositifs au service de la population, ce n’est pas normal. Les manœuvres des uns, les conspirations des autres, l’instrumentalisation de la justice sont de nouvelles méthodes qui font le plein chez les nouveaux spécialistes de cette politique-là.
La politique ne consiste plus, pour certains (nombreux commencent à les percevoir clairement ) à construire et s’investir pour le bien commun mais à fabriquer des dossiers pour nuire et salir, à fomenter des stratégies, à alimenter de faux témoignages, à investir la toile avec renfort de fausses pages facebook dotées de bataillons de soldats pour organiser des lynchages, à grenouiller dans les instances et à réseauter pour influencer et savonner les planches de ceux qui travaillent et font avancer, à organiser les coups médiatiques et les buzz pour finalement tenter d’affaiblir et de « faire tomber ».
Les spécialistes aux cotés de quelques élus de cet acabit sont aujourd’hui non plus des spécialistes des sujets des collectivités mais bien des missionnés pour « taper » au propre comme au figuré en usant de tous les moyens possibles. L’exemple récent de ceux qui ont été inquiétés car patrons de sociétés parallèles qui profitent des moyens et des réseaux de collectivités pour nourrir leur business, autres présidents d’associations supposées aider les administrés qui recrutent en réalité des adhérents politiques….
Bien sûr il y a l’option de répondre du tac o tac. Coup pour coup. Il y a du grisant à mesurer ses forces, sans doute un peu. Mais qui perd au bout du compte ? Le citoyen. Le Réunionnais manipulé au service de ces jeux de pouvoir.
Peut-on arrêter ça ? Ne pas mettre tout le monde dans le même panier ? Car non, tous les politiques ne sont pas pourris. Mais ceux qui, en effet manigancent, font s’éloigner les vrais engagés et, dans le même temps, douter les électeurs pleins de conviction. Et il n’est pas étonnant que les élus détenteurs de casiers judiciaires soient les premiers à vouloir que le voisin qui travaille bien puisse lui aussi en être, et déploient tous les moyens, même les plus perfides, pour amener doute et suspicion. Nous en faisons suffisamment les frais pour ne pas ignorer ces méthodes et ceux qui les pratiquent, courageusement camouflés, ça va de soi. Sauf qu’il ne suffit pas de crier que son voisin est tricheur menteur voleur pour qu’il le devienne alors gare à ces méthodes qui peuvent revenir en boomerang.
Je suis formée à informer et à communiquer. A aider à affronter des idées, des visions, des projets. Les soumettre en débat et proposer les outils qui permettront au plus grand nombre l’accès à l’information. Affronter des bagarreurs, des délateurs, des menteurs est un autre métier. Le mélange des genres ne fait pas l’affaire des citoyens. On en voit aujourd’hui les limites.
Craindre des attaques physiques en direction de son mari parce qu’il est porteur d’un projet et d’un mandat, ce n’est pas normal. Craindre pour sa famille parce qu’elle fait simplement partie de ceux qu’il chérit le plus, ce n’est pas admissible. Craindre enfin pour les agents publics de ne pas pouvoir travailler en toute sérénité pour l’intérêt général parce que des assauts peuvent encore arriver, c’est simplement insupportable !
Le combat de la non-violence en politique est une nécessité, une urgence, d’autant plus quand on voit ce qu’il se passe dans la rue. Les Réunionnais ont, je le crois, besoin d’avoir confiance en ceux qui dirigent. Aujourd’hui, avec ce déversement de haine, de délations, de manipulations orchestrées par des politiques sans scrupule ni courage, cette défiance prend évidemment tout son sens.
Chacun doit prendre sa part de responsabilité.
La politique ne sera efficace que lorsqu’elle reviendra à l’essentiel
La politique ne sera efficace que lorsque l’éducation offrira à la population le regard juste et critique sans manipulation.
La politique ne sera efficace que lorsque le travail sera une valeur partagée plus que l’aide sociale.
La politique ne sera efficace que lorsque le sport sera reconnu réellement comme un vecteur d’insertion sociale.
La politique ne sera efficace que lorsque la dimension de la culture sera placée au centre.
La politique n’est pas une arme qui blesse lorsque ceux qui la pratiquent ont une belle âme.
Comme on ne doit jamais banaliser les violences faites aux femmes, comme on ne doit jamais balayer d’un revers de main les discriminations, le racisme, l’homophobie, comme on ne doit jamais refuser d’admettre les violences faites aux enfants, comme on ne doit jamais enfiler des lunettes filtrantes pour ne voir que la partie qui ne dérange pas … ne banalisons pas la violence politique.
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