Thérèse Baillif

Thérèse Baillif

Quelle étoile vous guide ?

L’étoile du Berger, celle qui annonce l’espérance, l’amour et l’ouverture aux autres spécialement à celles et ceux qui souffrent.

Quel est votre “refuge” réunionnais ?

Le Réunion regorge d’endroits propices à la méditation, comme par exemple la contemplation d’un coucher de soleil sur une plage désertée. Cependant mon « refuge » à moi, c’est tout simplement un coin de ma terrasse avec vue sur mon modeste, mais joli jardin que je trouve très inspirant.

La touche glamour Réunion pour vous ?

Le charme des paysages des hauts de notre Ile ne laisse personne indifférent, enﬁn je l’espère, car la beauté génère de l’émotion, de l’intérêt, un instant de pur bonheur. En parlant du Bernica, notre poète réunionnais Leconte de Lisle a écrit :
« …l’âme s’en pénètre, elle se plonge, entière Dans l’heureuse beauté de ce monde charmant ;
Elle se sent oiseau, ﬂeur, eau vive et lumière ; Elle revêt ta robe, ô pureté première !
Et se repose en Dieu silencieusement » C’est un peu ce que je ressens devant un site particulier : la fenêtre des Macques.
Je suis littéralement époustouﬂée
et c’est incompréhensible. Peut-être…

Un engagement pour une cause ?

Participer à la construction d’un monde meilleur, plus juste, plus harmonieux, plus respectueux des autres. C’est sans doute utopique, mais c’est ce qui m’a conduite à lutter contre les discriminations de toutes sortes, en particulier pour une meilleure égalité entre les hommes et les femmes et contre les violences intrafamiliales. La violence envers les femmes, les enfants, qu’elle soit physique ou psychologique, constitue la première des inégalités. C’est cruel, inhumain et insupportable, elle m’est insupportable.

Une référence (un personnage, un livre…) ?

Le Général de Gaulle pour la Grandeur et l’amour de la France.
Gandhi pour le principe de la Non-violence. Et Simone Veil qui a montré magniﬁquement ce qu’une femme était capable de faire dans un monde de pouvoir abusivement masculin.

Les trois titres favoris sur votre play-list ?

Le Petit prince de Saint-Exupéry.
Jane Eyre d’Emily Brontë.
L’alchimiste de Paulo Coelho.

Un mot pour dire “La Réunion” ?

Diversité heureuse.

Résolument moderne

Telle une véritable geek, elle jongle sur son smartphone… Normal, direz-vous, c’est l’époque qui veut ça. Mais Thérèse Baillif a aussi connu l’époque sans portable, l’époque où la place « normale » des femmes était cantonnée au foyer, celle encore où le vote était une affaire d’hommes et où l’épouse ne pouvait ouvrir de compte en banque sans l’accord de son mari… Ces temps immémoriaux où le féminisme et l’égalité des sexes n’étaient que de vagues concepts.
Je ne résiste pas à lui demander son âge. « 87 ans. Et oui ! » répond-elle. « Et toujours l’envie de donner le meilleur de moi-même. » Poussée par une détermination hors du commun, Thérèse, encouragée par son père, décida donc de suivre des études (alors que ses amies choisissaient la voie du mariage), visant même un poste de cadre de l’administration quand les femmes, au mieux, se voyaient offrir un bureau de secrétaire… Sans parler des multiples causes qu’elle a embrassées ! Fondatrice de l’AFAR (Association Femmes Actuelles de la Réunion) en 1986, de l’AMAFAR (Association des Maisons de la Famille de la Réunion) en 1994, cofondatrice de la Fédération Régionale Solidarité contre les Violences (FRSCV) en septembre 1998, de l’École des Parents et des Éducateurs de la Réunion (EPER) de 1999 à 2000 (dont elle fut également présidente), du CEVIF (Collectif pour l’Elimination des Violences Intrafamiliales) en 2008 (dont elle est restée présidente jusqu’en 2016), elle est également administratrice de l’Union Départementale des Associations Familiales, de l’Accueil de la mère et de l’enfant à La Réunion, de l’Association Saint Jean de Dieu (qui s’occupe de l’accueil et de l’insertion de déﬁcients mentaux), de l’Association Réunionnaise pour la Formation et l’Utilisation des Travailleurs Sociaux, de l’Association Réunionnaise d’Orientation Familiale, de l’Agence Départementale pour l’Information sur le Logement… Mais comment cette femme à la générosité légendaire fait-elle pour mener de front tous ces combats ?
Dans un sourire, elle balaie la question d’un simple revers de la main, l’air de dire : « Pas si compliqué tout cela ! ». Inutile donc de s’émouvoir face aux distinctions qui honorent son parcours : Légion d’Honneur, Ordre National du Mérite… Cette dame aux cheveux blancs dont le regard pétillant inspire un immense respect est un modèle réunionnais, auquel nous voudrions toutes, un jour, ressembler.

Thérèse Baillif est née
le 24 août 1930.
Elle est retraitée de la fonction publique, engagée associative sur les sujets égalité, famille, éducation et les violences faites aux femmes.